Re-localisation, Démocratie directe économique et démocratie directe politique
De nombreuses luttes pour l’autonomie des communes ont eu lieu dans les années 68/70/80 et même bien avant. C’était une des formes de revendication de la gauche radicale. Le thème était avant tout politique : Education populaire et gestion démocratique directe du territoire représenté par la municipalité. Ce fut ce mouvement qui obligea le gouvernement Mauroy d’appliquer les lois Defferre sur la décentralisation en 1982.
Le mouvement suite à cette réforme, s’estompa grandement mais donna en partie naissance à la démocratie participative locale. Celle-ci eu plusieurs forme mais représentait principalement l’axe politique des territoires. L’ADELS défend ardemment cette gestion territoriale démocratique mais fait face à un enjeu particulièrement handicapant : La plupart des citoyens du territoire, malgré leur sensibilisation politique, ne participe que très peu à la vie de la commune. En effet, chaque citoyen a « sa vie », son travail, et n’a pas forcément le temps ou l’envie de se surcharger. L’enjeu de ces municipalités devient alors de trouver un moyen pour que l’activité démocratique de participation à la vie du territoire devienne le moins « pénible » possible pour une participation maximisée du citoyen territorial.
Malgré que l’intérêt d’un citoyen existe dans les mesures prises par une municipalité, cela reste un intérêt collectif qui dans notre type de société ne sensibilise apparemment pas assez l’intérêt individuel.
Parallèlement, le municipalisme libertaire est un héritage de Murray Bookchin pour la gauche radicale. L’idée : Refaire commune par le biais des instances municipale. La protection municipale permet à toute activité économique d’être protégée de la concurrence exacerbée de la sphère du marché. Cette protection économique permettrait le développement démocratique de l’activité commerciale. Elle permettrait de développer des activités d’utilité publique locale, de valoriser des compétences qui ne le sont pas habituellement par l’économie capitaliste. La forme que prendrait cette activité économique locale : La coopérative municipale. Une SCOP appartenant à la mairie, productrice de biens et de services d’utilité publique locale.
L’avantage de ses participants : une activité démocratique au quotidien à travers l’activité économique. Un intérêt individuel lié à la rémunération de chacun. Un travail choisi défendu par la mairie de son territoire permettrait l’épanouissement individuel à travers son activité.
L’articulation de ces deux formes de revendications (politique et économique) permet une question importante selon moi : La démocratie économique locale ne favorise-t-elle pas le bon fonctionnement de la démocratie politique locale ?
Nous sommes tous d’accord sur un point qui se trouve apparemment séparé de ces préoccupations : Le re-localisation de l’économie par le biais de monnaies complémentaires devient indispensable aux idées de l’écologie politique radicale.
Mais la sphère publique, représentative des citoyens d’un territoire, n’est-elle pas tout aussi importante ? et n’empêche t-elle pas – le plus possible – toute forme de communautarisme d’une idée ayant une vocation universelle : la survie qualitative de l’humanité face à l’enjeu de la crise écologique ?
Il n’est pas question d’empêcher la moindre expérimentation en dehors de la sphère publique mais plutôt de ne pas l’exclure de ses objectifs de lutte et de conquête. Une personne sensibilisée par l’écologie politique est tout aussi importante qu’une personne mal informée sur ce point. L’intérêt individuel ne se détache pas non plus de l’intérêt collectif et inversement. Lorsqu’une monnaie locale s’expérimente sur un territoire, il paraît plutôt important que tout citoyens du territoire prenne conscience de l’importance d’une telle initiative. La municipalité peut y contribuer lorsqu’elle y participe. Et peut favoriser son développement par sa participation active au projet.
La coopérative municipale a un autre objectif que la sensibilisation au politique. Elle peut également permettre de re-faire commune, de ranimer les mécanismes locaux de solidarités en dés-isolant le citoyen local de son territoire par la coopération active sur cette plate-forme. Elle peut également permettre aux sans-activités de se former à une compétence dans ce réseaux, de valoriser également celles qu’il a. C’est un objectif social. Elle peut favoriser la rencontre des diversités d’un territoire et l’échange en-dehors de toute idéologie rigide : dans le concret.
La formation de ces liens locaux est tout aussi importante pour les enjeux qui nous font face (énergie, réchauffement climatique, inégalités sociales…). Les SELs ressemblent en partie à ce projet si ce n’est qu’elle est victime d’une communauté de sensibilisés en dehors du reste des citoyens du territoire.
Les décroissants doivent être sensibilisés par la conquête de leur territoire et donc de la municipalité. Cela ne nécessite pas forcément une campagne municipale des décroissants (mais pourquoi pas ?) mais également la sensibilisation des élus locaux et de leur responsabilité dans le territoire qu’ils gouvernent par l’expérimentation de ces deux formes démocratiques. Dont selon moi la démocratie économique locale située en priorité.
Une intelligence collective pour permettre aux élus locaux d’expérimenter ce projet est en construction sur le site www.cooperative-municipale.org :
Le site internet « La coopérative municipale » est un outil de réflexion et un outil pragmatique pour les élus locaux. Ce site a pour but de tenter de convaincre les municipalités de France d’expérimenter ce projet alternatif.
Les participants à ce site forment une intelligence collective pour améliorer et faciliter l’expérimentation du projet dans les municipalités.
Le site internet est formé en quatre parties distinctes :
La théorie : Ayant pour but de clarifier le concept de coopérative municipale.
- Les outils pratiques : Permettant aux élus de France d’expérimenter le plus facilement possible ce projet alternatif local.
- Les expériences proches : Montrant les expérimentations ressemblant à une coopérative municipale dans les conjonctures actuelles.
- La bibliographie : Permettant au collectif de réflexion de rédiger les articles en perpétuel devenir.
- La partie nous contacter permet de nous joindre afin de participer au projet ou faire des remarques sur les refléxions du site.
Le site internet est fournie d’une première base de réflexion permettant à tous participants potentiels de bien comprendre le concept.
Benny Aguey-Zinsou
Janvier 2011
Commentaires récents