Questions à François Plassard
1 – Dans votre dernier livre « crise écologique ou crise sociale ? Vivre ensemble autrement », vous défendez les vertus d’une crise écologique qui viendrait au secours d’une crise sociale.
Mais n’est-ce pas les plus pauvres qui vont les premiers subir les conséquences des ruptures écologiques : climatique, énergétique et de chute de la biodiversité ?
FP : Bien sûr, les premiers effets de la crise écologique vous donnent raison avec la montée des coûts du chauffage, du transport, de l’alimentation, du logement. Dans les pays non industrialisés , des écosystèmes locaux qui s’effondrent c’est le prélèvement d’auto consommation qui s’épuise pour les exclus de plus en plus nombreux de la terre et du marché. Les « marches de la faim » en sont l’expression..
Dans un bateau commun qui ressemble à un Titanic, s’échouant sur les icebergs d’une crise écologique sans précédent et d’une crise financière qui a surpris tout le monde alors que toutes les personnes averties l’attendaient, mieux vaut danser et jouer du violon en première classe en chantant « tout va très bien madame la marquise » plutôt que d’être déjà dans l’eau froide des classes inférieures !
Mais c’est justement en raison de la gravité de la situation d’un modèle de société qui a fait faillite, que perçoit de mieux en mieux la société civile spectatrice du dialogue très souvent complice entre l’État (le politique) et les forces du Marché (les entreprises), que cette idée provocatrice de transformer la crise écologique en chance pour un nouveau contrat social mérite d’être posée.
Comment faire de la prise en compte de notre environnement et des activités de bien-être auquel nous pouvons le relier, non plus un « coût » mais un GRAND CHANTIER (de petits chantiers), un moteur pour inventer une nouvelle manière de vivre ensemble ? Comment faire de l’urgence sociale et environnementale une attitude compatible avec la jouissance de l’instant présent et la reconnaissance envers la vie ?
Parce que ce Week-end se réunit à Washington vingt chefs d’État représentant 90 % du chiffre d’affaire de la société de marché mondialisé, n’oublions pas que au « bout du bout » de toutes les questions formulées ou tues par nos politiques, se trouve celle indépassable de la régulation de la violence collective interne à notre espèce humaine, partenaire d’un processus plus large qui l’englobe, qu’est l’aventure de la Vie.
Si j’écoute les débats citoyens et ceux des médias: ceux des revenus exorbitants de quelques-uns dans l’océan de la pauvreté – précarité grandissante des autres1, ceux des marches de la faim contrastant avec les paradis fiscaux et les exonérations fiscales des plus grandes fortunes, ceux des licenciements des entreprises alors qu’elles font des bénéfices, ceux chez nous des 3,5 millions de mal logés qui réclament un logement décent alors que la rareté fait monter les prix des loyers, tout nous parle du scénario du Titanic avec l’arrogance de la « première classe » et de ses chaloupes de sauvetage dorées.
« Sécession des riches?»« Trahison des élites ? »,« Impuissance du politique ? »… même les rapports officiels d’experts de l’OCDE2, du PNUD3, confirment par les chiffres, cet effondrement des classes moyennes (même partiellement amorti pour certains par des revenus du patrimoine), cette aggravation de tous les écarts de richesse à tous les niveaux depuis les années 1980.
Dans la tension contraire entre la Liberté et l’Egalité fondatrice de la République et son parallèle entre le Marché et l’État, ces trente dernières années auront été caractérisées par le triomphe de la première valeur Liberté, par l’agonie de la valeur Égalité et sa mort annoncée dans les prochains mois par l’explosion des licenciements nous mettant dans une situation d’inquiétude analogue à celle de 1929.4 comme en témoignent 2,6 millions d’emplois détruits aux Etats Unis en 2008, et 100 000 chez nous ces trois derniers mois.
1 réponse
[…] actuellement il se dédie à la pêche à l’ancienne et à la politique, en écrivant des livres et en participant à différents rencontres nationaux et internationaux. Il est pleinement […]