La maîtrise des usages – Jean-Paul Lambert
De l’usologie spontanée à l’usologie politique
L’usologie est la science au monde la mieux partagée
Vie quotidienne… A quoi faisons-nous attention ? A des manières de faire ou de se faire.
Que faut-il pour le faire ? ça utilise quoi, ça suit quels modèles ?
La façon dont c’est fait, dont ça arrive, ça convient ou pas avec l’ensemble ?
Qu’est-ce que ça apporte de nouveau, en quoi ça ressemble, en quoi ça diffère ?
Comment faire autrement ?
De l’usologie spontanée à l’usologie méthodique
Essayons de mettre de l’ordre dans cet ensemble d’observations…
Soit un objet, un concept, une action :
- 1. De quoi ça fait usage ? (cas « sujet ») Il a « besoin » de quoi pour exister ?
- 2. Dans quel environnement d’usages ? (cas « complément ») On en a besoin pourquoi ?
Notez bien : les résultats sont 100% vérifiables.
On peut aussi se livrer à des conjectures
- 3a. Que pourrait-il utiliser d’autre (qui changerait l’environnement)
- 3b. Et si l’environnement changeait…? (qui l’obligerait à faire usage de quoi d’autre… ?)
De la méthode « u » à la pédagogie « u »
L’application de la méthode « u » enrichit non seulement l’observation (les questions posées sont celles que se pose toute recherche sur les causes et les effet) mais l’esprit de conjecture (formation de nouvelles hypothèses). Considérer toute « chose » comme faisant usage, dans un environnement d’usages qui ont une histoire et peut à tout moment être modifiée, casse l’esprit de certitude, éveille à la recherche… Faites l’essai ! Invitez vos enfants, vos élèves, vos collègues à le faire !
Un lapin… un stylo… « bon »… « étranger »… « pensée »… « démocratie »…
Faire usage et faire être
Objection… Ce qui nous intéresse c’est de savoir ce que les gens, les choses SONT, pour en déduire ce qu’on doit en faire…!!
Réponse : ce que les choses, les personnes, les valeurs « sont », résulte d’une construction.
Celle-ci dépend en grande partie des conditions socio-économiques (ex.: ce que SONT « les » femmes ou « les » Noirs)… Elle résulte aussi des économies du langage : car pour parler de n’importe quoi, il faut commencer par le reconnaître, le délimiter. Vous lui donnez un nom, qui vous pousse à en parler « en général ». « Un »… « Une »… « Les »…
Ce dernier mode de construction est inévitable, et ses méfaits grandioses : nationalisme, xénophobie, racisme, cases juridiques, psychologiques, médicales, croyances en tous genres…
De loin en loin, pourtant, sa violence devient insupportable. Pouce ! Pour sortir des « toujours » et des « jamais », de ce que les prévisions qui s’attachent à « le », « la », « les », ont de fatal, vous reconsidérez, sans bien le savoir, les usages dans lesquels ils s’inscrivent, de quoi d’autre ils pourraient faire (et font parfois déjà) usage… L’observation usologique reprend le dessus.
L’usologie politique
La condition nécessaire et suffisante pour qu’une position sociale devienne dominante est d’inscrire son action dans le cadre d’une certaine représentation de la nature des choses et des usagers (ce qu’ils « sont » dictant leurs droits respectif). L’obligation de faire des profits monétaires, à laquelle est soumis le capitalisme, n’a fait qu’aggraver cette condition.
Abolir cette obligation et promouvoir l’observation usologique vont donc de pair.
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