La coopérative municipale – Benny Aguey-Zinsou
Analyser Montreuil pour rendre compte de ses problèmes et de ses transformations sur les plans économique et social, afin de savoir si la théorie de la coopérative municipale défendue par Jean Zin peut s’avérer utile à la résolution des problématiques montreuilloises (travail, écologie politique et social), sera ici le sujet d’étude.
Bien que cette théorie ait été pensée de manière globale pour agir localement, il est avant tout nécessaire de rendre compte de l’état actuel de la municipalité afin de déterminer si ce niveau local correspond à l’analyse plus globale de cette théorie avec les différentes nuances que cela comporte.
Il ne s’agira pas ici de convaincre mais bien de démontrer par le biais d’un cheminement, le plus concret possible, l’utilité de cette proposition pour une localité. Il ne s’agit pas non plus de prouver que cette proposition est la seule possible mais de démontrer que cela peut être une solution parmi d’autres.
Nous tenterons d’analyser les multiples données concernant Montreuil, collectées grâce à l’amabilité de certains secteurs de la municipalité, du département Seine-Saint-Denis et d’organismes, tel que l’Insee. Ces données concernent le chômage, le RMI, la précarité, les différents secteurs entrepreunariaux, les immigrés au travail, les réformes de la municipalité, etc.
A partir de cela, nous établirons un comparatif entre ces données et la théorie proposée. Un rapprochement entre les expérimentations ressemblantes se fera. Les différents partenariats possibles seront cités.
Une partie concernera enfin l’aspect budgétaire du projet ainsi que ses aspects techniques et administratifs indispensables. Tout ceci afin de permettre à la municipalité, si elle désire expérimenter ce projet, d’avoir les outils primordiaux et nécessaires à sa réalisation.
Nous ne prétendons pas pour le moment détenir la proposition adaptée à Montreuil ou à d’autres communes, seule la conclusion et le lecteur pourront y répondre. Nous désirons juste faire une recherche qui nous semble nécessaire et inexistante pour le moment, par méconnaissance, du projet-pilote qu’est la coopérative municipale. Cette recherche concerne tout aussi bien les Montreuillois que les autres communes soucieuses de résoudre des problèmes qui perdurent et qui ne trouvent pas de solutions concrètes, si ce n’est de la gestion à court terme, sans résultat probant. Ainsi, un comparatif à l’échelle de Montreuil, du département, de la région Ile-de-France et de la France se fera dans certains cas, plus parlants.
Pourquoi s’adresser au niveau local ?
Le niveau local est une échelle, à forme plus humaine, car plus contrôlable par ses habitants, mais aussi plus pragmatique pour ses élus. Elle permet, depuis les lois sur la décentralisation de 1982 et 2003, plus de liberté pour l’action locale (malgré le manque d’investissement par l’Etat, d’un point de vue budgétaire). En effet, le pouvoir s’y trouve plus horizontal et partagé, même si cela empêche parfois les communes d’agir, par manque de financement. L’existence de la municipalité permet aux citoyens d’avoir un minimum de politique propre à leurs problèmes territoriaux et à leurs convictions, mais aussi de répondre plus aisément, au niveau local, à des problèmes pensés de façon globale comme, par exemple, l’écologie ou la précarité.
Le local répond également, sur le plan du développement économique, à une vocation de relocalisation de l’économie, permettant moins de transports, donc moins d’émission de gaz carbonique dans l’atmosphère. L’économie locale permet, en outre, la renaissance des liens sociaux locaux entre les acteurs de la coopérative mais aussi entre les consommateurs de la production locale exercée et leurs producteurs.
En effet, la coopérative municipale, bien que devant être expérimentée localement, répond en soi à un ensemble de thèmes très globaux. Elle concerne le travail et le social (travail choisi, développement humain), l’idée de coopération, l’écologie politique, la démocratie, la solidarité, l’adaptation à un nouveau type de société (ère de l’information)… Véhiculer l’idée de coopérative municipale est une de nos préoccupations premières. Ainsi, l’inscrire et la comparer aux problèmes de Montreuil permet de stimuler sa concrétisation et de diffuser cette idée, le plus largement possible.
L’importance de la municipalité dans la conjoncture actuelle
Il semble clair, avec la raréfaction du pétrole, qu’une reterritorialisation locale et que le développement de la vie de quartier s’avèrent plus que nécessaires. Les enjeux écologiques (réchauffement, raréfaction de l’énergie fossile…) nécessitent une adaptation pour moins de déplacements dans l’espace (transports). La municipalité a donc face à elle une responsabilité forte et essentielle dans l’existence d’un projet de société local adapté à la situation actuelle. La déconnexion des élus nationaux face aux problèmes de terrain demande une remise en question de notre type de démocratie représentative au profit d’une démocratie participative locale ne pouvant fonctionner que dans un cadre municipal pour un fonctionnement optimal. La municipalité, selon la grandeur du territoire, devra être divisée en plusieurs groupes horizontaux, les quartiers, afin de faciliter l’échange démocratique. En effet, moins il y a de monde et plus l’on parle de ce qui nous concerne au plus près, mieux c’est. Il ne faut en aucun cas négliger ce que peut apporter l’expérience de terrain qu’ont les citoyens locaux, mais bien prendre en compte leur avis pour un fonctionnement plus efficace de chaque quartier. La coopérative municipale pourra jouer, dans ce cadre, la mise en avant de ce type de démocratie territoriale.
Les conquêtes des municipalités pour la gauche semblent donc nécessaires, même peut-être plus nécessaires que les élections présidentielles. La mobilisation des citoyens pour les élections municipales s’avère indispensable pour une refondation de nos vies de quartier.
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