Habitat coopératif : Pour qui ? Pourquoi ? – Bernhard Sallegger
Axe 2 : Organiser l’espace
L’habitat groupé / coopératif
Des projets d’habitat groupé répondent aux besoins d’une population très diversifiée. Ils tentent de proposer des solutions intermédiaires face à la dégradation des conditions d’accès au logement et du maintien en état des patrimoines privés individuels, au regard des enjeux sociaux et environnementaux d’aujourd’hui.
On peut situer l’habitat groupé autour des notions de démarche collective, de parties privatives et communes ou partagées, de projets de vie conviviale à géométrie variable, de moyens mis en commun, de volonté de rompre l’isolement et développer de la socialité, d’autogérer l’habitat, de propriété collective ou partagée.
L’habitat groupé ne se réduit pas au chantier collectif, n’est pas à confondre avec l’habitat communautaire, ni avec la (co-)propriété classique.
La coopérative d’habitant(e)s – pour un cadre juridique
En se groupant, les habitant(e)s sécurisent sur le long terme leur accès au logement ; ils/elles cherchent pour cela à se doter d’un outil juridique adapté pour gérer leur patrimoine partagé à travers la forme coopérative. Dans le cadre législatif français actuel, il n’y a aucun statut intermédiaire entre propriété individuelle classique et location :
– les statuts de la location-attribution et de la location coopérative ont disparu en 1971 ;
– les dernières propositions pour une spécificité coopérative datant du rapport Mercadal de 1982 (la coopérative de locataires et la coopérative d’attribution en jouissance) sont restées sans suite.
Imagination et ténacité sont nécessaires afin d’obtenir l’intégration d’un statut adéquat dans la législation française.
Les coopératives d’habitant(e)s sont exemplaires par leur statut. La coopérative est un projet collectif ancré sur un territoire, dans un quartier, et répond à des besoins spécifiques à ce territoire.
Elles partagent des valeurs d’égalité, de droit au logement sans discrimination, de démocratie (1 personne = 1 voix). La gestion est donc transparente pour permettre la participation de tous. C’est un projet social, compte tenu de la pratique de loyers adaptés, grâce à l’acquisition de parts sociales progressives et au financement multi-partenarial (lien entre des fonds privés et bailleurs sociaux, collectivités, État).
Des services communs : laverie/buanderie, chambre d’amis, ateliers/bureaux, chauffage, jardin/potager, assainissement, charges d’entretien etc., permettent les rencontres et des économies. De part son statut, la coopérative d’habitation permet de lutter contre la spéculation immobilière car il y a séparation entre la propriété du patrimoine et celle du capital (parts sociales).
Les projets de coopérative intègrent des préoccupations environnementales (habitat vertical, basse consommation, matériaux naturels et locaux). En milieu rural existe un lien fort entre ces formes d’habitat et la création d’activités économiques.
La forme coopérative dans l’habitat a pour objectifs :
– de proposer un nouveau type de rapport au patrimoine : les coopérateur(e)s sont sociétaires de leur coopérative, locataires et/ou propriétaires de parts sociales, la spéculation immobilière est bloquée ;
– d’encourager une réelle mixité sociale, culturelle et intergénérationnelle et de favoriser la convivialité, en créant un cadre de vie unissant espaces privés et espaces communs ;
– d’impliquer les habitant(e)s dans la conception et la gestion de leur habitat ;
– de permettre l’accès au plus grand nombre à des habitats sains, économes en énergie, respectueux de l’environnement, et à la possibilité de faire un pas vers la simplicité volontaire (et la décroissance ?) ;
Elle est au service de ses membres, qu’ils soient premiers entrants ou habitants futurs ; elle est à la fois d’utilité publique et individuelle, sociale et sociétale, s’inscrivant dans le développement solidaire, voire dans la décroissance.
Une démarche à soutenir par les Objecteur(e)s de croissance ?
Les coopératives d’habitations se veulent comme une réelle alternative dont pourraient s’emparer citoyen(ne)s et pouvoirs publics pouvant faire la démonstration que la mixité sociale choisie est possible et heureuse. Est-ce qu’elles s’inscrivent dans la démarche des Objecteur(e)s de croissance ? Si tel est le cas, quel axe d’action privilégier ?
Références / Sources :
Réseau Cohérence (Lorient, http://www.reseau-coherence.org)
L’Echo-Habitants (Nantes, http://www.lechohabitants.org)
http://www.habicoop.fr http://www.cohabitat.fr
Campagne nationale pour la reconnaissance du statut des coopératives d’habitant(e)s : http://www.habicoop.fr/spip.php?rubrique115
http://www.passerelleco.info/rubrique.php?id_rubrique=73
Textes assemblés et adaptés par Bernhard Sallegger (Objecteurs de croissance Saint Nazaire)
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