Eloge de la « négative attitude »
A l’occasion de ces (F)Estives des objecteurs de croissance, il est question de réhabiliter le socialisme utopique comme base de réflexion pour nos actions futures.
Il m’a semblé pertinent d’examiner le devenir du « socialisme scientifique », ce qu’en d’autres termes on nomme le « marxisme » afin de mieux cerner la problématique. J’ai essayé de lister quelques vérités devenues « poncifs » à force d’être répétées mais parfois il est bon d’avoir quelques références afin d’éviter des débats inutiles.
1 – Qu’est-ce que le marxisme ?
A l’origine, le marxisme n’est pas une foi, c’est l’adhésion à une méthode. Il s’agit d’une méthode critique née justement de la critique de la religion, et de la philosophie allemande à commencer par l’idéalisme kantien et hégélien, l’idée qu’il puisse y avoir une vie des Idées indépendamment de l’existence des hommes.
Ce que Karl Marx se propose c’est la « critique » de la philosophie bourgeoise, la « critique » de l’historiographie bourgeoise, la « critique » de toutes les sciences humaines bourgeoises, en un mot la critique de l’idéologie bourgeoise dans son ensemble, et pour entreprendre cette critique de l’idéologie comme de celle de l’économie bourgeoise il se place au point de vue de la classe prolétarienne.
Marx a commencé par la critique de la religion et de l’idéologie où il a découvert son nouveau point de vue matérialiste.
Le marxisme affirme que ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. La conscience est donc relative et il n’existe pas de vérité absolue. Les idées ne s’opposent pas à l’être et elles n’ont pas d’histoire autonome.
Dans sa dernière période il consacre toutes ses forces à l’investigation critique du domaine économique, dans lequel il a découvert le pivot réel de tous les mouvements sociohistoriques.
Pour lui, l’histoire est d’abord l’histoire de l’exploitation, de la lutte des classes.
Dans l’économie politique de la classe possédante bourgeoise, la propriété privée domine toute la richesse sociale, le travail mort domine le travail présent. Au contraire dans l’économie politique du prolétariat, la société domine son « produit », c’est-à-dire que le travail vivant domine l’accumulation du travail mort ou « capital ».
2 – Application de la vision marxiste au marxisme : les grandes transformations non imaginées au XIXème siècle :
Le marxisme dans l’histoire : l’importance donnée aux révolutions et l’oubli de la vie quotidienne
Les marxistes ont accordé une place prépondérante à la conquête de l’Etat et à la révolution. Lorsqu’on lit la première mouture (datée de 1923) de « marxisme et philosophie » de Karl Korsch, marxiste ouvert, critique à l’égard du léninisme, on s’aperçoit que ses découpages historiques dans l’histoire du socialisme s’articulent autour de révolutions.
La première période se termine avec les révolutions de 1848 la deuxième se termine avec la « Commune de Paris » en 1871, et la troisième période s’étend de 1871 à la révolution bolchevick.
La « révolution » comme phénomène politique, ainsi que la prise du pouvoir par le prolétariat par ce biais sont surestimés. Nous avons pu constaté ce que cela a pu donner avec la révolution en URSS qui a débouché sur une dictature sur le peuple et la mise en place d’un ordre mondiale appelé « coexistence pacifique » ayant permis l’essor du capitalisme spectaculaire au monde entier.
L’autre aspect du « socialisme scientifique », mais qui est lié à cette erreur stratégique, c’est qu’il a pu devenir la couverture idéologique de la contre-révolution (car si le concept de « révolution » est bien mort, celui de contre-révolution est paradoxalement bien vivant), sociale-démocrate d’abord, stalinienne ensuite. Comment le marxisme qui était au départ une critique a-t’il pu devenir une idéologie, pire une idéologie de la contre-révolution ? Car c’est bien de contre-révolution dont il est question avec la social-démocratie ou le stalinisme. Rendre compte de cette conversion c’est déjà critiquer le socialisme scientifique.
La découverte de la vie quotidienne avec les situationnistes et la fin du mythe du « grand soir »
La surestimation donnée à l’Etat et à la prise du pouvoir comme instrument décisif de la prise du pouvoir a fait oublier aux marxistes l’importance de la vie quotidienne. Or, ce qui caractérise le capitalisme au XXème siècle c’est justement la colonisation de la vie quotidienne par la marchandise comme l’ont bien analysé (de façon « marxiste » ou disons « dialectique ») les situationnistes. Cela étant, en mettant en avant la critique de la vie quotidienne imposée par le capitalisme, sa façon de produire et de consommer, on en arrive à remettre en cause la nécessité et la pertinence de la Révolution et des « grands Soirs ». L’histoire devient une histoire longue, où l’on insiste non point sur les ruptures mais sur les continuités… L’enjeu n’est plus de s’organiser pour prendre le pouvoir d’Etat, mais pour reprendre le pouvoir sur sa vie quotidienne.
Colonisation de la vie quotidienne, importance des révolutions techniques, avènement de la société du spectacle ET unidimensionnelle, les révélations de l’univers concentrationnaire et totalitaire, la destruction de notre environnement
Ce qui caractérise aussi le capitalisme de la deuxième moitié du XXème siècle c’est la formidable impulsion donnée aux techniques, aux révolutions techniques, (automobile et nucléaire en particulier) et le poids pris par la production et la consommation d’images dans la société, au point que GE Debord a pu écrire que « les relations humaines étaient médiatisées par des images. »
Tout a commencé avec la mise au point de la bombe atomique, qui a vu l’Etat américain mettre en œuvre une nouvelle façon de faire de la recherche, ce qu’on allait appeler le « développement » pour produire la bombe atomique : laboratoires avec un personnel nombreux, disparition du « savant » isolé, expérimentations grandeur nature, engagement de l’Etat, etc.….or, les marxistes dominés par le « mythe du progrès » ont négligé l’analyse de cette nouvelle organisation de la technique et cet essor de la toute puissance de la science dans les esprits….Pourtant l’importance de la technique et du nucléaire sont fondamentaux pour expliquer le capitalisme au XXIème siècle… la société est organisée pour faire face à un ennemi qui pourrait tout détruire, comme dans « 1984 » de G. Orwell, la société est « unifiée » de cette façon.
« (…).les contrôles sociaux ont été introjectés à un point el qu’il ne faut pas s’étonner si les forces oppositionnelles de l’individu ont été profondément affectées(….)Aujourd’hui la réalité technologique a envahi cet espace privé et l’a restreint. L’individu est entièrement pris par la production et la distribution de masse et la psychologie industrielle a depuis longtemps débordé l’usine. Par conséquent il n’y a pas une adaptation mais une mimésis, une identification immédiate de l’individu à sa société et, à travers elle, avec la société en tant qu’ensemble. (…) le problème de l’aliénation devient problématique quand les individus s’identifient avec l’existence qui leur est imposée et qu’ils y trouvent réalisation et satisfaction » H. Marcuse « L’homme unidimensionnel »
La technique s’imposant de plus en plus comme un « sujet » historique, l’enjeu est maintenant de savoir si nous pouvons éviter la mise en œuvre d’un monde totalement artificiel et sans limites ou bien si nous allons rester dans un monde à échelle humaine et encore dominé par l’histoire.
Cette nouvelle forme prise par l’aliénation n’avait pas été imaginée par la vision marxiste traditionnelle qui envisageait la transition du capitalisme au socialisme sous forme de révolution politique : le prolétariat détruit l’appareil politique du capitalisme (comme déjà expliqué ci-dessus) mais il conserve son appareil technologique et il le soumet à la socialisation.
Or, nous savons bien maintenant qu’il ne peut être question de conserver l’appareil technologique tel qu’il existe, soit parce qu’il aliène, soit parce qu’il pollue, ou bien parce qu’une croissance infinie dans une Terre limitée est impossible…
La loi d’entropie
Le processus économique, comme tout autre processus du vivant est irréversible (et l’est irrévocablement) ; par conséquent on ne peut en rendre compte en termes mécaniques seulement. C’est la thermodynamique, avec sa Loi de l’Entropie, qui reconnaît la distinction qualitative, que les économistes auraient dû faire dès le début entre les inputs des ressources de valeur (basse entropie) et les outputs ultimes de déchets sans valeur (haute entropie). Le paradoxe soulevé par cette réflexion, à savoir que tout le processus économique consiste à transformer de la matière et de l’énergie de valeur en déchets, est ainsi résolu, facilement et de façon instructive. Pour les économistes, il est très important de reconnaître que la Loi de l’Entropie est la racine de la rareté économique. Si cette loi n’existait pas, nous, pourrions réutiliser l’énergie d’un morceau de charbon à volonté, en le transformant en chaleur, cette chaleur en travail, et ce travail à nouveau en chaleur. Les moteurs, les habitations et même les organismes vivants (si tant est qu’ils pussent alors exister) ne s’épuiseraient jamais non plus. Il n’y aurait aucune différence économique entre les biens matériels et la terre au sens de Ricardo. Georgescu-Roengen La décroissance.
Le processus économique produit de la dissipation et des déchets et c’est un mouvement irréversible, par exemple le recyclage d’un même papier ne peut être effectué que 2 à 5 fois…..
Il reste un espoir cependant, c’est la vie, qui va se fixer comme objectif de remettre de la vie, de l’ordre ou bien de l’information là où il n’y avait que dissipation… Or, l’analyse marxiste s’appuyait sur la valeur travail, nous savons maintenant que le travail détruit la société et l’environnement, le paradigme ricardien sur lequel s’appuie la critique de l’économie politique de K. Marx est donc caduc.
La classe ouvrière élément fondamental dans l’analyse marxiste a disparu ou quasi disparu dans sa forme originelle.
Il reste un élément à examiner, pour assurer un changement de civilisation est-il nécessaire de s’appuyer sur un groupe social particulier ? Et si la réponse est positive sur quel groupe devons nous nous appuyer prioritairement ? Les « créatifs culturels » ? Les exclus de toutes sortes ? Nous sommes au moins certains d’une chose, ce ne sera pas le prolétariat tel qu’il existait à l’époque de Karl Marx :
« Le prolétaire dans les stades antérieures du capitalisme était vraiment la bête de somme qui procurait par le travail de son corps les nécessités et les luxe de la vie, pendant qu’il vivait, lui, dans la crasse et la pauvreté » H. Marcuse Le prolétaire n’est plus un individu dominant sa machine, mais un élément de l’organisation, on dit du management de l’entreprise « (…) ce qui est en jeu dans ces changements technologiques, c’est plus qu’un système de paie, c’est la relation du travailleur avec les autres classes, c’est l’organisation du travail. H. Marcuse.
Or, le prolétariat était la couche sociale sur laquelle devait s’appuyer le parti pour assurer la révolution.
Karl Marx a bien entrevu la transformation du travail productif en travail de contrôle et de surveillance (« …le travail humain n’est plus inclus dans le processus de production – l’homme est relié au processus de production plutôt comme surveillant, comme régulateur…il est en dehors du processus de production au lieu d’en être le principal agent… » Fondements de la critique de l’économie politique. Karl Marx.
Malheureusement il a conservé une vision quantitative et mécanique de l’économie en digne héritier des classiques libéraux comme dénoncés par Georgescu-Roengen, Karl Marx imagine une substitution du travail par le capital technique grâce à l’automation et un temps « où le travail humain dans sa forme immédiate, aura cessé d’être la grande source de richesse, le temps de travail cessera, et devra nécessairement cesser d’être la mesure de la richesse, et la valeur d’échange devra nécessairement cesser d’être la mesure de la valeur d’usage… » Il ne critique pas les produits, ce qu’il appelle la « richesse », or c’est là que se trouve l’enjeu, ni la domination du monde par la technique….
Karl Marx et ses successeurs n’ont pas non plus envisagé le développement de la classe moyenne qui allait remplacer la classe prolétarienne. La classe moyenne est plus individualiste, 50 % des français sont propriétaires de leur logement, 80 % des Espagnols, etc.…et même si la classe moyenne explose, et que se développe la précarité, dans ces conditions la question de la collectivisation se pose de façon très différente.
La propriété et l’usage :
Avec le développement de la couche moyenne, et l’échec des systèmes soviétiques, une réflexion sur la propriété des moyens de production et des moyens de consommation doit s’engager différemment. Il ne peut plus être envisagé simplement une nationalisation des moyens de production par l’Etat, l’expérience a montré la lourdeur et l’inefficacité de ces méthodes, mais plutôt un recours au système coopératif. De même, il sera difficile, de faire renoncer la majorité de nos concitoyens à la propriété de leur logement par exemple, par contre on peut imaginer des restrictions à cette propriété, un remplacement des transports individuels par des transports en commun, et une reconstruction d’un autre monde que celui de l’automobile, une réflexion différente sur l’usage, et la mise en œuvre de mesures entraînant une séparation entre la propriété et l’usage. Mais fondamentalement au-delà de la question de la propriété la question la plus importante reste celle des produits et des usages : de quels produits avons-nous réellement besoin ? Et surtout comment le déterminer autrement que par le passage par le marché ?
La pensée unidimensionnelle :
Karl Marx n’a pas pu imaginer l’avènement d’une pensée « opérationnaliste ».
Une pensée «opérationnaliste », c’est une pensée qui définit un concept –uniquement- par un ensemble d’opérations. Par exemple, le concept de « longueur » n’est ni plus ni moins que l’ensemble des opérations qui mesurent la longueur. Ce principe a été transféré au domaine linguistique, en considérant « les noms des choses comme étant immédiatement indicatifs de leur mode de fonctionnement, et le nom des propriétés et des processus comme des représentations de l’appareillage utilisé pour les détecter et les produire » (H. Marcuse). Résultat, le langage « unidimensionnel » est inspiré de la publicité, il mélange les termes opposés (« la liberté c’est l’esclavage » comme déjà expliqué par G. Orwell, citons les ôdes à la « libre entreprise », à la « bombe propre », les chants sur la « construction du communisme », il est essentiellement concret, impose constamment des images pour empêcher le développement et l’expression des concepts.
« Dans son immédiateté et son univocité, il empêche la pensée conceptuelle. Il empêche la pensée.(…) Si sur le plan linguistique, le développement des concepts est bloqué, si le langage refuse l’abstraction, il ne peut plus s’employer à dévoiler les facteurs qui sont derrière les faits et ainsi il ne peut plus s’employer à dévoiler le contenu historique des faits.(…) le langage fonctionnel est fondamentalement anti-critique et anti-dialectique.(…) Si dans l’univers social de la rationalité opérationnelle cette dimension est supprimée, c’est l’histoire qui de même coup se trouve supprimée et il ne s’agit pas d’un évènement qui relève de l’université, il s’agit d’un évènement politique(…) Ce combat qui est mené contre l’histoire est-il un des aspects du combat qui est mené contre la dimension de l’esprit à l’intérieur de laquelle les forces et les facultés oppositionnelles pourraient se développer. » H. Marcuse.
Dans ce contexte le débat sur le mot « décroissance » prend une autre allure, il devient nécessaire justement parce qu’il est critique et qu’il contient une dimension historique….
3 – Que reste-t’il du marxisme aujourd’hui ? Comment rétablir le négatif aujourd’hui ?
«Toutes les tentatives pour rétablir la doctrine marxiste comme un tout et dans sa fonction originelle de théorie de la révolution sociale de la classe ouvrière sont aujourd’hui des utopies réactionnaires » (Karl Korsch « marxisme et philosophie ».)
Déjà ça commence mal ! Et pourtant nous adhérons à cette affirmation….néanmoins, il reste que le marxisme à l’origine était une formidable entreprise de négation, Karl Marx un super esprit critique et nous pensons que notre époque a besoin plus que jamais d’esprit critique. Karl Marx a d’abord voulu critiquer la Religion, la Philosophie, pas créer une nouvelle idéologie, un nouveau prêt à penser. Il nous faut donc renouer avec cet Esprit au sens le plus large possible et nous opposer, à la Religion de la toute puissance de la technique et de la Science, à la pensée unique du marché roi.
Il faut aussi mettre fin au mythe des personnalités monumentales et redonner une dimension humaine à Karl Marx, un simple penseur du socialisme parmi d’autres.
« Marx n’est aujourd’hui qu’un parmi les nombreux précurseurs fondateurs et continuateurs du mouvement socialiste de la classe ouvrière. Non moins importants sont les socialistes dits utopiques, du temps de Thomas Moore au nôtre. Non moins importants sont de grands rivaux de Marx, tels que Blanqui et des ennemis irréductibles, tels que Proudhon et Bakounine » Karl Korsch.
Mais il n’empêche que la critique de l’économie politique mise en œuvre par des partis « marxistes » a permis en son temps de mobiliser et…. de contrôler la classe ouvrière comme précisé ci-dessus. Dans ce sens les « marxistes » ont réussi à trouver la façon d’établir un dialogue mobilisateur afin de faire naître et se développer le « négatif ».
L’esprit critique, la vision dialectique de l’histoire. Contre la « positive attitude ».Contre la société unidimensionnelle.
Notre tâche est différente de nos prédécesseurs marxistes, il s’agit à la fois d’établir un dialogue avec la majorité de nos concitoyens et d’éviter de devenir une avant-garde éclairée, c’est-à-dire de prendre le pouvoir sur nos concitoyens.Nous ne voulons pas prendre le pouvoir ce qui constituerait pour nous un plaisir bien fade, et s’arrêterait à cela que nous le voulions ou non, mais plutôt de changer la société, autrement dit de changer de civilisation et de vivre tout de suite ce qui constitue notre « projet ».
Bref il ne s’agit plus de faire la Révolution mais de révolutionner notre vie quotidienne en changeant notre façon de produire et de consommer et certainement en relocalisant nos économies. Or, est-il possible d’impulser un changement de civilisation ? Comment pourrons-nous impulser un tel changement ?
Certains évoquent l’apparition dans les médias, malheureusement c’est oublier que notre société est dominée par la dialectique de l’invisibilité et du spectaculaire, paraître dans les médias ne veut pas dire devenir « visible », mais plutôt « spectacle » ou bien « star », avec le risque de voir la même chose se produire qu’avec l’insistance sur l’Etat et la prise du pouvoir dans les périodes précédentes, c’est à dire la récupération du mouvement critique par une minorité « éclairée ». Car les médias n’ont d’autres objectifs que d’attirer l’audience maximale, pour faire vendre et tous les sujets pouvant susciter l’intérêt sont les bienvenus à commencer par le sexe et le sordide, mais aussi le catastrophisme ou le millénarisme…De plus est-il cohérent de s’opposer à la TV et d’accepter d’y paraître ? Tout au plus pouvons-nous accepter de figurer dans les médias moins dominés par l’image comme la radio et les journaux.
D’autres ne jurent que pas l’action légale, le droit international notamment, parlent de « droit de la Terre-mère » qui viendraient compléter les droits politques, puis sociaux de l’après guerre (Geneviève Hazam)….
Ne faut-il pas plutôt d’abord développer une pensée critique, pour découvrir le pivot permettant de susciter le dialogue avec nos contemporains, participer à des expérimentations individuelles et collectives de rupture d’avec le système dominant ?
Aujourd’hui la critique doit se dresser contre l’émergence de la technique comme sujet dans l’histoire à commencer par la lutte antinucléaire. Elle se doit aussi de critiquer les produits qui nous sont offerts, l’obsolescence programmée, la colonisation de nos imaginaires, etc.…La société unidimensionnelle a réussi justement parce qu’elle a pu susciter le salut à travers l’accumulation de biens, dans une situation de guerre contre l’extérieur, or avec la fin de l’ère de la croissance et de la coexistence pacifique elle pourra de moins en moins satisfaire ce penchant quasi-religieux, ce qui fera autant de brèches dans lesquelles nous devons nous engouffrer, de plus en plus elle ne pourra plus s’imposer avec les pâles ersatz de la technique, les gadgets de toutes sortes, elle ne pourra plus que se poser en disant « c’est ça et rien d’autre », à nous alors, de mettre en oeuvre autre chose….
Bibliographie :
Karl Korsch « marxisme et philosophie », et « marxisme et contre-révolution »
Herbert Marcuse « la société unidimensionnelle »
John Holloway : « changer la société sans prendre le pouvoir ».
GE Debord : « la société du spectacle ».
Le titre « négative attitude » me plaisait et j’ai vu tout ce qu’il fallait lire, j’ai de suite lâché l’affaire.
attitude négative hihi
merci et bonne continuation !