Créons 1000 Vandoncourt
Le capitalisme réellement existant nous apporte la preuve, chaque jour plus évidente, de ses méfaits grandissants, qu’ils soient sociétaux, environnementaux ou économiques…En face, on peut dire que la démocratie représentative a baissé les bras, et qu’elle n’est plus qu’une supplétive des multinationales qui régissent le monde à leur façon, directement contre les peuples. Un temps, les puissances d’états, dans des politiques Keynesiennes, ont pu donner le change. Aujourd’hui, tout leur échappe, hormis le fait de devoir serrer la ceinture des peuples économiquement, organiser leur surveillance généralisée, et réprimer quand faire se peut. Pourtant, dans le même temps, l’écart entre riches et pauvres, entre pays riches et pauvres, ne cesse d’augmenter à un point tel que quelques individus ont plus de pouvoir et de puissance que bien des états. N’empêche, dans le même temps, c’est le peuple qui est sommé de devoir baisser sa consommation pour éponger des politiques inconséquentes dans lesquelles il n’est pour rien.
Le sentiment le plus largement partagé par le citoyen lambda est celui de son impuissance quotidienne, et notamment celle de son bulletin de vote. Qu’il soit de droite ou de gauche, il s’aperçoit que les mêmes politiques appliquées provoquent les mêmes effets, et sa réaction se traduit de plus en plus par l’abstention, largement vilipendée par médias interposés qui posent en coupables ceux qui omettent de « faire leur devoir ». Comme si la participation à la chose commune devait être vécue comme un devoir, et non pas comme un moment joyeux, d’altruisme, de partage, d’échange, avec la population.
Comment sortir de cette impasse impuissante, où l’économie règne en maîtresse absolue, où les politiques appliquent les desiderata des grands groupes ? Il semble que des approches ont déjà eu lieu, partout dans le monde. Partout dans le monde, des individus cherchent à se réapproprier leur quotidien. Ce sont des centaines de SCOP qui se montent en Argentine, des villes anglaises s’auto-organisent et font baisser leur empreinte écologique, les SCOP de Mondragon, en Espagne, expérimentent depuis un demi siècle l’autogestion. Plus près de chez nous, depuis quarante ans, le village de Vandoncourt, dans le Doubs, expérimente la démocratie directe. Ce sont les habitants qui montent les projets, choisissent, agissent. Un renouveau de la démocratie, une réelle puissance du citoyen ne passent-elle pas par la multiplication de cette expérience, en la prolongeant beacoup plus loin encore, jusque sur les terrains économiques, agricoles, éducatifs ? C’est ce que nous proposons ici à la réflexion.
Combattre le système économique, oui mais comment ? Par la multiplication des Vandoncourt, par l’émergence dans la société civile de la parole libérée du peuple libéré. Non plus des bulletins de vote anonymes dans le secret des isoloirs, mais les confrontations sur l’agora des politiques publiques. A la puissance des multinationales, des entreprises économiques régissant le monde, opposer la population dans des débats contradictoires et ouverts. Pour cela, il faut que la commune devienne l’entité exclusive de la démocratie directe, après la disparition des départements et régions et leur transmission de tous pouvoirs. Il faut également que la taille des communes soit suffisante et suffisamment égalitaire, sur tout le territoire. Nous proposons le redécoupage territorial en 12 000 communes de 5 000 habitants, ou 15 000 communes de 4 000 habitants, de façon à ce que des assemblées générales de citoyens puissent être organisées, et la stricte égalité en matière de finances. Nous proposons également le rattachement des services publics à ces nouvelles communes : police, justice, enseignement, poste, banques, etc., et la disparition des préfectures, l’exécutif communal étant à la fois celui de l’état. Nous proposons la possibilité d’intervention économique. Le budget participatif, élaboré par toute la population, sera la première intervention de base de la population. La relocalisation de l’emploi, le rachat des terres et leur location ad vitam eternam rendra possible la retransformation de l’agriculture paysanne. Les droits fondamentaux (logement, santé, nourriture) seront à traiter en priorité. L’installation d’entreprises, leur création, seront l’objet de débats permanents. La reterritorialisation des habitants sera également source d’une nouvelle répartition visant à désengorger les villes et à redonner de l’espace vital. Dès lors, c’est à chacun de s’engager, là où il est, pour le montage de listes municipales aux prochaines élections portant comme unique programme de rendre le pouvoir aux habitants.
A / INSTITUTIONS
CONSTAT : Un parlement (assemblée nationale + sénat) dont la première fonction est d’inscrire dans le droit français les directives européennes (à l’heure actuelle, 60% du droit français ! ) prises par une commission non élue et simplement représentative ! Un parlement élu par des contorsions électoralistes (système électoral majoritaire qui favorise les grands partis pour l’assemblée nationale, grands électeurs nommés pour le sénat) dont la seconde fonction est de voter des lois élaborées par l’exécutif ! Un parlement qui n’est pas maître de son ordre du jour. Un échaffaudage d’administrations (communes, communautés de communes, départements, régions, syndicats divers et multiples) aux compétences variées…Tout ceci concourt à une paralysie totale de l’administration.
Dans l’administration aussi il faut une révolution démocratique, et faire de la commune l’entité de base démocratique, avec une assise suffisamment élargie pour avoir un budget conséquent, et suffisamment restreinte au niveau de la population pour avoir une possibilité de démocratie directe.
PROPOSITION : Une seule entité territoriale, la commune, détentrice de tous les droits dévolus actuellement aux diverses assemblées.(département, région, communautés de communes…). Nous proposons la création de 12 000 communes de 5 000 habitants, disposant d’un budget identique à l’origine (regroupement de toute la fiscalité diverse au niveau étatique et redistribution égalitaire).
B / DEMOCRATIE DIRECTE
CONSTAT : quand le peuple ne vote pas, c’est qu’il n’accomplit pas son devoir électoral, qui est aussi un droit (moins d’une moitié des électeurs aux dernières régionales). On le fustige, on le met au banc des accusés. Quand le peuple vote, mais ne vote pas comme les pouvoirs s’attendent à ce qu’il vote, on a deux solutions : soit on le fait revoter pour qu’il vote raisonnablement comme les pouvoirs (politiques, médias, économiques…) le lui avaient laissé entendre par l’intermédiaire des sondages, (exemple de l’Irlande pour le traité constitutionnel), soit on passe directement par dessus son vote et on s’adresse directement aux assemblées élues qui elles votent raisonnablement en suivant les recommandations des pouvoirs en place (cas de la France et du traité de Lisbonne). C’est à dire qu’au nom de LA démocratie, on produit régulièrement des dénis de démocratie.
Enfin, quand l’électeur vote blanc, on ne tient pas compte de son vote, quand les votes n’atteignent pas la moitié des électeurs, les décisions s’appliquent quand même, quand certains veulent s’inscrire sur des listes électorales, on leur laisse entendre que n’ayant pas de domicile fixe, ce n’est pas possible, etc. Fourrier disait que tant qu’une seule personne était exclue de la démocratie, il n’y avait pas de démocratie. Et que dire du cumul des mandats, du financement des partis, de la parité inexistante, de la collusion totale entre les pouvoirs politique et économique, des dessous de table, des privilèges…? Mais l’abstention grandissante peut être également vue comme un phénomène révolutionnaire. Elle indique la défiance du peuple face à tous les partis de pouvoir, le fait qu’il ait compris que le système parlementaire n’est qu’une apparence de démocratie qui consiste pour la classe dirigeante a obtenir l’adhésion du peuple, mais qu’il peut aussi s’en passer, car la dictature des marchés en place n’a que faire de l’expression du peuple. Il n’est que de voir son installation sous les dictatures diverses qui continuent de fleurir à la surface de la planète (Chine, pays émergents…).
La nouvelle éducation populaire pense qu’il faut revenir à l’origine de la démocratie, qui dit que la souveraineté du peuple s’exerce soit directement soit par l’intermédiaire de ses représentants. Etant donné que nous avons épuisé la forme représentative de la démocratie, il nous faut en expérimenter la forme directe. En effet, l’abstention est le fait de ne pas donner son pouvoir, donc de le garder, et de ne pas choisir parmi une liste de candidats, donc d’être en potentialité d’exercer le pouvoir par soi même. Quelles que soient les raisons profondes qui font que les électeurs ne vont plus voter, la réalité de l’acte est qu’il n’y a pas délégation de pouvoir, et qu’un pouvoir non donné est un pouvoir gardé. C’est de cette réalité là dont il est question et avec laquelle il faut composer.
Aucun des grands problèmes actuels ne trouve de réponse dans les partis politiques : crise sociale, économique, écologique…Comment la démocratie représentative, qui ne cesse de se défaire de ses pouvoirs face aux marchés, pourrait-elle jouer le rôle important qui devrait être le sien, face aux mafias économiques, financières et politiques ? La seule façon d’imposer des changements salutaires et nécessaires pour la sauvegarde de la planète est que le peuple en son entier se constitue en force face à la puissance des marchés, des institutions économiques et s’oppose à des politiques mortifères.
ILLUSTRATION : Vandoncourt, petite commune du Doubs de 800 habitants, expérimente la démocratie directe depuis plus de quarante ans. Ce sont les habitants qui font les choix politiques, définissent les priorités, montent les dossiers, les instruisent, y compris sur le plan financier. Le conseil municipal valide les décisions, le maire les signe. Qui dit mieux ?
PROPOSITION : Créer des Vandoncourt de partout en France. Monter des listes qui, une fois élues, le remettraient entre les mains de la population, dont le seul programme serait l’absence de programme, dont le seul argument serait de se défaire du pouvoir pour le remettre aux assemblées délibérantes dans chaque commune.
Joël feydel
Sur le site du NPA, on peut lire aussi l’article traduit du quotidien espagnol El Mundo : En Andalousie, le maire et les habitants d’une petite ville ont décidé d’appliquer une politique anticapitaliste.
http://www.npa2009.org/content/marinaleda-un-ilot-d’anticapitalisme
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