Agriculture et alimentation face au moins disant social et écologique
Par Nicolas Sersiron
La consommation des aliments issus de l’agriculture productiviste, de la transformation industrielle et de la distribution globalisée nous consument. Plutôt que de nous assurer une longue vie, ils nous oxydent, ils accélèrent le vieillissement de nos cellules avec pour résultat l’explosion des affections de longue durée, les ALD. Ce type d’alimentation est fort rentable pour les deux grands systèmes que sont l’agrobusiness et le santé business. Le premier grâce au libre échange international a pu faire baisser les coûts de production en instaurant la tyrannie du moins disant social et écologique à tous les échelons, du champ à l’assiette, quant au second il est devenu une sorte de « garagiste » des corps mutilés par les maladies au long cours créées par le premier.
Comment en est-on arrivé là ? Selon les tenants de ce modèle dominant en Occident, seul ce type d’agriculture et d’alimentation est capable de nourrir le monde, cela avec force OGM, pesticides, pétrole, machinisme et high-tech. Pourtant aujourd’hui 70 % des humains sont encore nourris par la petite agriculture, familiale et vivrière, avec très peu d’intrants et de pétrole. De plus, l’agriculture biologique est aujourd’hui capable de rivaliser avec ce modèle sans empoisonner terre, air et eau. N’est-ce pas plutôt leur petit monde qu’ils gavent de profits considérables qu’ils veulent perpétuer. Car selon les chiffres de la FAO plus de 2 milliards d’humains, 1/3 des terriens ne mangent toujours pas suffisamment pour avoir une vie active ? Qui croire ?
Fort des vérités assénées par leurs « experts », pour nous de vrais mensonges, ils sont soutenus par les grands médias et les gouvernements du Nord. Après avoir transformé les terres des pays de la Triade en machines à cash, en particulier à travers la filière viande (près de 80 % des terres de la planète lui sont dédiées), ils s’attaquent aujourd’hui à l’Afrique subsaharienne. L’accaparement des terres – encore vierges de leurs poisons – de ce continent « sous peuplé » à leur yeux, est organisé idéologiquement à travers la « Nouvelle révolution verte », la NRV, appuyée par la Banque Mondiale. La NASAN, la « Nouvelle Alliance pour l’alimentation et la Nutrition » (for food Security And Nutrition) soutenu, par le G8, sous son titre mensonger et pompeux, est l’arme de ce nouveau vol des terres et de l’eau africaine. Pourtant, le parlement européen a voté au printemps 2016 contre le déploiement de la NASAN en Afrique.1
Ne nous laissons pas prendre aux pièges de la communication des défenseurs du modèle dominant : ses ravages sont sous nos yeux. Pour résister au destructivisme dont il est responsable, il faudra relocaliser les productions au Nord, recréer des fermes en poly-élevage et polyculture à dimension humaine, maintenir et développer l’agriculture familiale et vivrière, là où elle existe. Les connaissances récentes de l’agro-écologie permettront ce retour vers une agriculture et une alimentation, respectueuses autant de notre santé que celle de la nature. L’agrobusiness tel qu’il existe en 2016 est responsable de 50 % des émissions de GES, de près de 90 % de la déforestation et d’autant de la biodiversité. Il est aussi le premier consommateur et pollueur d’eau douce et le grand responsable du maintien de la faim et de la pauvreté dans un monde pourtant toujours plus riche. Faire croire que la croissance de l’économie mondiale arrangera les choses est un mensonge. Depuis plusieurs décennies elle a été au dessus de 5 %.
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