Comment pourrait-on (re)lancer le mouvement antinucléaire ?
Participants : une cinquantaine de personnes.
Un constat le mouvement antinucléaire a échoué. Les derniers évènements ayant eu lieu au sein du Rézo nous le confirment.
A- Les raisons de l’échec du mouvement antinucléaire en France :
1) Toutes les luttes ayant eu lieu en France contre le nucléaire, à part celle de Erdoven étaient des luttes de type NIMBY (not in my backyard : pas dans mon jardin, pas de ça chez moi !) autrement dit les antinucléaires n’ont pas réussi à susciter au sein de la population un large front réellement antinucléaire.
Quand le programme électronucléaire de la France a été rendu public en 1974 avec le rapport d’Ornano il y a eu des mouvements « antinucléaires » mais aucun, à l’exception d’Erdeven, n’était contre cette électro nucléarisation massive, mais seulement contre la construction d’une centrale chez eux.
2) L’activité de la commission PEON à l’origine du programme nucléaire français n’a intéressé aucun mouvement antinucléaire en France.
Le programmed’Ornano qui accélérait le processus d’électro nucléarisation a pris prétexte de la crise pétrolière de 1973 pour lancer un programme qui avait été minutieusement mijoté depuis bien des années (voir les exploits de la Commission Péon, commission pour la production d’électricité d’origine nucléaire, créée en 1950). Cette commission devait convaincre les industriels français d’investir dans les travaux nucléaires sans avoir aucun risque financier en cas de désastre nucléaire. L’activité de cette commission Péon [1] dont on trouve maintes traces dans le Journal Officiel n’a intéressé aucun mouvement antinucléaire
3) L’argumentaire des antinucléaires des années 70 n’insistait pas assez sur le désastre possible :
Dans chaque numéro de la Gueule Ouverte de cette époque il y avait une page entière de Reiser sur le solaire, le vent. Globalement l’essentiel n’était pas le désastre possible d’un accident nucléaire qui avait pourtant été bien analysé aux États-Unis en février 1957 par des scientifiques de Brookhaven dans le rapport WASH 740 et qui donnait une vue d’ensemble de l’ampleur de la catastrophe assez voisine de Tchernobyl
Parler d’un désastre nucléaire dans une réunion antinucléaire des Amis de la Terre, du PSU, de la CFDT ou autres, était très mal vu, on se faisait traiter de « catastrophiste » et accuser violemment de rendre le mouvement « incrédible ».
L’échec de l’antinucléaire en France ce n’est pas d’avoir été incapable de bloquer la nucléarisation mais de ne pas avoir développé dans la population la conscience des dangers inacceptables de l’énergie nucléaire qui aurait permis de la bloquer
4) La radicalisation antinucléaire était évidemment totalement incompatible avec les alliances écologico-politicardes qui étaient à la mode.
.Dès les années 1970 le problème majeur qui a préoccupé le mouvement était de savoir s’il devait être totalement indépendant de la politique ou s’il ne devait être qu’un appui aux quelques individus antinucléaires largement minoritaires dans les syndicats(CFDT) ou les partis (PS).
Les partis politiques et les syndicats étant en totalité pronucléaires, une alliance avec eux impliquait une certaine souplesse.
5) Les antinucléaires ont manqué de pragmatisme pour la sortie du nucléaire
Lorsque, avec Tchernobyl, le désastre nucléaire a enfin été pris en compte le résultat n’a pas été celui escompté « il faut arrêter le nucléaire » mais une sorte de fatalisme« il n’y a pas de solution, on n’a pas le choix »puisque la solution de l’électricité à partir des combustibles fossiles a été écartée, le charbon diabolisé et encore plus lorsque l’effet de serre a été mis sur le devant de la scène
Les publications écologistes évitent soigneusement d’utiliser les mots charbon et fioul, le gaz a meilleure presse mais n’est que peu développé en France
B /LES ACTEURS ACTUELS DE LA « MOUVANCE » ANTI-NUCLEAIRE :
1/ Les grenello-compatibles qui, du bout des lèvres, dénoncent le nucléaire (WWF, Yann Arthus Bertrand, Nicolas Hulot…) sur le mode : le nucléaire c’est mal, mais nous en avons besoin..
2/ les grenello-compatibles qui se déclarent anti-nucléaires, mais ne prônent pas une sortie immédiate (FNE, Agir pour l’Environnement, Virage-Énergies….) et s’appuient sur le scénario Negawatts (sortie en plus ou moins 25 ans)
3/ Greenpeace, internationalement connu pour ses actions anti-nucléaires, ne traite pas en France le sujet du nucléaire dans sa globalité (focus médiatique cette année uniquement sur les exportations des déchets en Russie, lutte anti-EPR)
4/ Les partis politiques
Parti de Gauche, NPA, Alternatifs se déclarent anti-nucléaires avant chaque élection (et après ?)
Cap21 (Corinne Lepage) anti-nucléaire mais pas « antinucléaire de base »
Europe Ecologie : se déclare antinucléaire, mais cherche (à quelques rares exceptions près) à faire alliance électorale avec le PS pro nucléaire !
5/ Les militants :
Le Réseau Sortir du Nucléaire : il semblerait que les personnes actuellement aux commandes du Réseau Sortir du Nucléaire s’orientent vers une ouverture ou des « arrangements » avec les composantes ci-dessus, c’est-à-dire une politique d’accompagnement du nucléaire vers la sortie…
Les anti-nucléaires qui souhaitent mener une lutte basée sur une sortie immédiate, inconditionnelle et définitive du nucléaire civil et militaire : réseau à constituer. Les scénarios de sortie immédiate incluent le recours, pour une période transitoire, aux énergies fossiles, avec la difficulté d’articuler le temps court (prise de conscience de la dangerosité du nucléaire, de l’urgence à en sortir) et le temps long (changement de société, recours à la sobriété et à l’efficacité énergétique)
C -Le débat :
Le débat a été difficile, néanmoins ni l’accueil à plus de pragmatisme ni l’annonce que le mouvement antinucléaire avait échoué n’ont suscité d’oppositions franches.
Peu de propositions, néanmoins accord sur les points suivants :
1) nécessité d’une approche théorique forte mettant en avant la survenue possible de l’accident et ses conséquences catastrophiques pour s’adresser à l’opinion publique.
2) Nécessité d’un grand pragmatisme pour sortir le plus vite possible ou immédiatement du nucléaire : charbon pourquoi pas, d’autant plus que la production d’électricité n’est pas celle qui contribue le plus à la production de gaz à effet de serre alors qu’elle est majoritairement d’origine charbonnière dans le monde. Il faut plutôt se battre contre les transports et les méthodes agricoles actuelles qui sont fortes productrices de gaz à effet de serre.
3) Nécessité d’analyser nos forces.
4) S’appuyer sur les lanceurs d’alerte
5) Promouvoir les économies d’énergie.
6) Faire des scénarios de sortie –IMMEDIATE- du nucléaire régionaux, plus pragmatiques que le scénario de « virage énergie-climat » qui ne prévoit pas une sortie assez rapide du nucléaire.
CONCLUSION :
Les OC doivent se poser la question de la création d’un réseau VRAIMENT antinucléaire et d’une Stratégie de sortie IMMEDIATE, VRAIMENT pragmatique pour REUSSIR au lieu de se vautrer dans des conduites d’ECHEC…..
il suffisait d’attendre …
bien malheureusement, ce sont les Japonnais qui paieront le prix fort de l’expérience scientiste de leur lobby pro-nucléaire !
C’est bien le lobby pro-nucléaire, qui nous a fait aujourd’hui la démonstration grandeur nature, que bien qu’ hyper-calculé … avec tous les coefficients de sécurité imaginables … C’est encore une fois la dernière inconnue qui a mis à mal le beau système !
Espérons que nos concitoyens français & européens ouvrent grand les yeux et prennent les mesures nécessaires pour se débarrasser réellement et définitivement de ce FLÉAU !
(même si cela se déroule sur une décennie, il faut se battre pour forcer ce démantellement, de façon contrôlée)
Cette présentation du mouvement anti-nucléaire laisse rêveur. Elle fait l’impasse sur les multiples tentatives d’avoir une coordination nationale comme la CNAN dans les années 1970 qui publiait la revue Masse Critique. Elle passe sous silence, la seule lutte qui a pris une dimension européenne : les Européens contre Superphénix qui ont gagné en 1997 après 22 ans de lutte… grâce à des accords avec les Verts puis entre ceux-ci et le PS. Elle oublie de dire que lorsque le Réseau Sortir du nucléaire est né en 1997 de la volonté des Européens contre Superphénix d’étendre leur méthode à l’ensemble du mouvement (chercher à convaincre une majorité de gens que la sortie du nucléaire est possible), il y a déjà eu une coordination « pour une sortie immédiate du nucléaire » qui n’a strictement rien fait d’autre que de participer aux manifestations du Réseau Sortir du nucléaire.
Concernant les scénarios de sortie rapide, il en existe de multiples : cela va de deux ans (scénario publié en son temps dans la revue Silence reprenant plus ou moins les idées de la sortie immédiate après un accident qui ne laisserait plus le choix au gouvernement) à 30 ans (chez les Verts) en passant par deux scénarios à 5 ans et 10 ans publiés en 2008 par le Réseau Sortir du nucléaire.
Enfin, les objecteurs de croissance ont-ils pour but d’être plus radicaux que les plus radicaux et de se complaire dans leur coin à être une centaine sur toute la France ou au contraire à élargir leurs horizon en ayant le courage / le culot de discuter avec une partie de plus en plus large de la population ?
La peur de la dérive politique style Verts-Europe-Ecologie doit-elle empêcher de discuter avec l’ensemble de ceux qui veulent bien parler de décroissance ?
Enfin concernant le recours au charbon, qui est prêt à assumer les conséquences sociales que cela implique : vivre dans des mines, avec une atmosphère toxique, comme pour les mines d’uranium, ce que nécessite ni le pétrole, ni le gaz.
Enfin, il est bizarre de voir que les économies d’énergie n’arrivent qu’en cinquième priorité dans le compte-rendu, alors que pour la décroissance, c’est le moyen le plus efficace pour agir. Comme aucune énergie n’existe sans pollution, notre but n’est pas seulement d’arrêter le nucléaire, mais aussi le charbon, le pétrole (pic en vue), le gaz… mais aussi d’éviter la prolifération des parcs éoliens gérés par des multinationales. N’oublions pas que le soleil fournit 5000 fois ce que nous consommons en énergie actuellement, ce qui signifie qu’avec des moyens techniques, on peut détruire la planète simplement avec l’aide des énergies renouvelables 5000 fois plus vite !
c’est pourquoi est indispensable la distinction entre le temps court (l’urgence de l’arrêt du nucléaire avant la catastrophe) et le temps long qui permettra la prise de conscience d’une alternative sociétale
je n’attendrai pas encore 30 ans pour me battre et les manifs du rézo ne servent à rien en définitive qu’à se faire plaisir entre militants, la belle affaire…
je persiste… pour moi, il n’y a aucune commune mesure entre les dangers du gaz, du charbon, du pétrole et ceux du nucléaire, c’est pourquoi j’en fais une priorité personnelle qui n’empêche évidemment en rien de réfléchir à un autre monde possible… bon courage !
NPA se déclare anti-nucléaire avant chaque élection (et après ?)
Après aussi.
Le NPA est de toutes les manifs, et actions antinucléaires.
Simplement, pour le NPA c’est le capitalisme qui ruine la société et donc le but est évidemment d’en venir à bout.
Yo les dès croissants !
En effet, la lutte est quasi impossible face au lobbing d’état. Alors, ils nous restent, à nous, à faire en sorte d’etre capables de produire l’énergie dont nous avons besoin, en solo ou en commun, peu importe, chacun trouve Midi à sa porte…
Militer pour militer sans agir, c’est vagir ! Informer pour informer sans vagir, c’est agir !
Informés, nous pouvons nous organiser et construire !
Quand tout les militants de la sortie du Nucléaire immédiate couperont leur compteur, car ils en ont le coeur, j’aimerais savoir et connaitre l’astuce qui leur permettra d’éviter le black-out ?
C’est ce genre d’anerie qui décrédibilise le mouvement et démobilise les plus ouverts !
Ne perdons pas notre temps en de vaine chamaillerie avec l’institution étatique, militons plutot pour la reconnaissance de toutes les énergies renouvelables naturelles comme potentiel d’émancipation des poulpes !
FeelBio
Et en cas d’accident nucléaire qui rendrait l’endroit où tu habites inhabitable : tu fais quoi ?
Juste pour intervenir sur ce que dit Jean Luc une petite chronique dans la décroissance de ce mois ci dans lequel WWF et Sherpa sont plus largement présentés comme étant pro-nucléaires….
A propos non obstant au fait que l’uranium va inévitablement commencer à manquer il nous reste encore le thorium….
http://jesrad.wordpress.com/2008/03/20/le-thorium-remplacera-t-il-luranium/